© Max Hirzel /
Manaus, Brésil, 2014.
A Manaus, capitale de l'état brésilien d'Amazonas, a explosé la fièvre pour le M.M.A. (Mixed Martial Art), un type de combat qui combine les techniques d'autres arts martiaux, en particulier boxe, muay thai, Ju-jitsu brésilien. Actions de percussion - coups de pied, coups de poing, de genou et de coude - et actions de lutte - leviers et étranglements- sont admises. Manaus est une terre de lutte et le MMA y accueille les jeunes boxeurs dans des gymnases comme l'Académie MPBJJ Nova União, très familiale ainsi que l'Académie Alfa. Femmes, enfants, l'atmosphère y est très détendue et amicale, tout le monde se connaît. Certains jeunes y vivent même car leur maison est trop éloignée pour qu'ils retournent chez eux tous les soirs. Les combats se déroulent dans des cages en fer, généralement de forme octogonale, dans lesquelles les adversaires se battent pieds nus, sans casque de protection avec des gants plus petits que ceux utilisés en boxe. Rogerio Pereira, 28 ans, est un des jeunes lutteurs de l'Academia MPBJJ Nova União, située au cœur du district de Alvorada. Il est professionnel depuis 2 ans, gagner un combat signifie pour lui plus possibilités de signer des nouveaux contrats pour des combats plus importants. Le reportage se déroule entre la vie dans les gymnases, la préparation du Rogerio et une soirée combat officiel dans la salle de l'Aparecida, au centre de Manaus, avec 10 combats programmés dans différentes catégories de poids. Au MMA on peut gagner pour ko et ko technique, par abandon (en forçant l'adversaire à se rendre par un levier ou d'étranglement) ou aux points, sur décision des juges. Sur les 10 combats de cette soirée 'It's time to combat', les juges ont décidé 5 fois, tous les autres combats se sont terminés par KO ou KO technique. Le contraste est saisissant entre d'un côté la naturelle amabilité des amazoniens et le respect mutuel entre les lutteurs et de l'autre la violence qui éclate une fois dans la cage. Pour ces jeunes la lutte représente tout, ils investissent toute leur vie dans ces quinze minutes, rêves et espoirs, et chaque victoire signifie plus de contrats pour des combats plus intéressants financièrement. Dans les premiers temps de professionnels, un lutteur touche pour un combat entre 300 et 900 réais , soit entre 100 et 300 Euros. L'entraînement aux techniques de boxe, de kickboxing ou de Muay Thai et l'entraînement physique sont tellement intensifs qu'un boxeur ne peut pas avoir d’autre emploi. Et le public adore regarder les combats, femmes, hommes, jeunes et enfants inclus. Marcio Pontes, entraîneur de MMA de l'Academia MPBJJ : «Ici tout le monde aime le combat et ceux qui ne le pratiquent pas adorent le regarder, les femmes et les enfants aussi. Quand il y a à la télé des combats de niveau national et international Manaus se vide, tout le monde regarde les combats. Plus que le football, la passion ici c'est la lutte. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être est-ce dû à la nature si présente autour de nous ou peut-être cela vient-il d'une tradition ancestrale de cette terre où les indigènes ont toujours dû se battre...».