© Juliette Robert /
Angola, USA, Avril 2015.
Angola, en Louisiane (à 130 miles au nord de la Nouvelle-Orléans), c'est une gigantesque ferme-prison d’Etat, que borde le Mississippi. Le plus grand pénitencier de haute sécurité des Etats-Unis (73 km2) a sinistre réputation. C’est « l’Alcatraz du vieux Sud ». D’abord plantation esclavagiste (ses esclaves arrivaient d’Afrique de l’Ouest, d’où son nom "Angola"), puis pénitencier politiquement maltraitant (le black panther Robert King y croupit 30 ans à l’isolement), elle enferme aujourd’hui près de 6500 détenus, 90% d’entre eux sont condamnés à vie, sans possibilité de conditionnelle. 75% sont africains-américains.
Chaque année, en avril et en octobre, le pénitencier organise des concours de rodéo. C'est l'occasion, pour des milliers de visiteurs avides (les billets se réservent des mois à l’avance), de pénétrer sans menottes l'enceinte d'Angola, le temps d'un spectacle haut en couleurs. Les détenus volontaires, et sans entrainement aucun, cèdent alors à la cadence des animaux et mordent la poussière, souvent méchamment. Si le prix à gagner n’est pas la liberté, il s’agit pour beaucoup d’une forme de rédemption par la violence et le divertissement.