© Matthieu Zellweger /
Kanazawa, Japon, 2015.
Le Père Cristoforo porte en son coeur la sérénité des hommes de bien qui ont accompli leur mission. Lorsqu'il se retourne sur sa vie, sur les 58 années qu'il a passées à Kanazawa (côte ouest du Japon), il se dit que lorsque son Seigneur le rappellera à lui, il aura bien servi Son nom. Cinquante-huit années… Lorsqu'il est arrivé, jeune missionnaire de l'Ordre des Carmes déchaux, sa paroisse ne comptait que 700 âmes et n'avait pas d'église digne de ce nom. Maintenant, ses deux collègues Nicola et Cipriano et lui-même supervisent 2 paroisses, célèbrent l'office dans 7 églises et veillent sur près de 2000 personnes. Quant à l'église, elle fait également sa fierté, calquée qu'elle est sur le modèle de l'église de Bolzano, proche de son village natal d'Italie du Nord. Mais la fierté de Cristoforo, son oeuvre, c'est cette institution pour personnes handicapées mentales. Lorsqu'il est arrivé, personne ne savait s'occuper d'elles. Alors il a réfléchi, il a démarché, il a convaincu. Il a littéralement pris son bâton de pèlerin pour ouvrir un lieu d'accueil, modeste au commencement, à peine cinq personnes, mais maintenant l'institution est bien acceptée et elle accueille 60 personnes. Elle donne un sens à leur vie. Et cela donne un sens à la sienne, qu'il sent petit à petit lui échapper, à 85 ans, alors qu'il se prépare sereinement à rejoindre le Père.