© Juliette Robert /
Tcholpon-Ata, Kirghizistan, Septembre 2016.
La clameur monte des gradins, dont le toit flambant neuf protège les milliers de spectateurs du soleil de plomb. C’est le dernier jour des Jeux et, portée par son public, l’équipe de Kok Boru kirghize est en train de régler son compte à l’équipe kazakhe. Le match de ce rugby d’Asie Centrale (aussi appelé bouzkachi), où les joueurs à cheval se disputent une carcasse de chèvre, est la compétition reine des Jeux Nomades, la plus spectaculaire des vingt trois épreuves disputées pendant 6 jours.
Inventés en 2014 par le président kirghize Almazbek Atambaev, les Jeux Nomades Mondiaux (World Nomad Games) n’ont pas seulement été conçus pour être les JO des sports traditionnels d’Asie Centrale, ils ont aussi été créés pour construire une identité nationale kirghize autour de l’héritage du mode de vie nomade, et ainsi renforcer une présence culturelle dans les anciennes républiques soviétiques de la région, 25 ans après la chute de l’URSS et leur indépendance.
Sédentarisés de force pour travailler en kolkhozes lors de la période soviétique, les réels nomades ne représentent plus aujourd’hui une part importante de la population, mais les kirghizes restent très attachés à leurs traditions. La deuxième édition des Jeux, qui a eu lieu en septembre 2016 a ainsi été l’occasion pour beaucoup d’habitants des villes de monter dans les montagnes de la vallée de Kyrchyn, près du Lac Issyk-Kul, pour profiter du village culturel, sa compétition de yourtes et ses sports traditionnels. Sur les berges du lac, dans la ville de Tcholpon-Ata, le président Atembaev n’a pas compté les millions pour financer la cérémonie d’ouverture dans l’hippodrome aussi rempli que pour acclamer l’équipe nationale victorieuse de la finale de Kok Boru.