© Juliette Robert /
Oubliez Mardi Gras, ses touristes et ses semaines de festivités. Oubliez le Jazz Festival et son prix démesuré. Le dimanche à la Nouvelle Orléans, c’est aux second lines qu’il faut aller. Loin des boites de strip-tease et des saouleries de college kids en goguette sur Bourbon Street, loin des mélomanes qui font la tournée de bars de jazz dans Frenchmen, c’est dans ces parades que bat le pouls de la Nouvelle Orléans, c’est ici qu’on joue le plus fort, pour les vivants comme pour les morts.
Organisées par les Social Aid and Pleasure Clubs des quartiers, ces parades sont de lointaines réminiscences des esclaves se réunissant le dimanche sur Congo Square après la messe. Elles se sont formalisées au 19e siècle, lors des enterrements en musique, où la first line était composée de la famille et des amis proches, et en second line, le public qui se joignait à la procession. Elles sont maintenant autant de prétextes pour se retrouver en musique, avec parfois, des hommages ou des combats pour la justice sociale. Au coin des rues des faubourgs, Delassize ou Livaudais, devant les bars où la foule s'arrête en sueur avant de reprendre sa transe, on y croise les costumes vibrants des clubs qui les organisent, les meilleurs brass bands de la ville, des rois et reines qui dansent le bounce sur des charriots extravagants, des cow boys urbains tatoués et des gangs de motards qui font fumer le bitume.
A l’heure où la Nouvelle Orléans fête ses 300 ans, reportage sur un morceau brut de la culture de la ville.