© Christophe Stramba-Badiali /
Majuli, Brahmapoutre, Inde.
Située dans les lointains États du Nord-Est de l’Inde, Majuli est la deuxième plus grande île fluviale de la planète. Plantée au beau milieu du Brahmapoutre dans l’état indien de l’Assam, l’île se présente aux voyageurs comme un banc de sable qui sombre irrémédiablement dans les eaux du fleuve Sacré. Au début du XIX e siècle, cette immense île s’étendait sur plus de 1000 km2. Elle atteint, à présent, à peine 400 km2. En juin, quand arrive la saison des pluies, le Brahmapoutre gonflé par les eaux de l’Himalaya et de la mousson submerge l’île et avale cette fragile bande de terre. Selon certaines études, Majuli aura disparu complètement d’ici 15 ou 20 ans. Triste réalité pour ce petit paradis coincé entre le Bhoutan et la Birmanie où vivent près de 200 000 personnes. À Majuli, près de 70 % de la population est Missing, une tribu de pécheurs qui vit dans des maisons sur pilotis en bambou au bord de l’eau.
L’île abrite aussi des satras, des monastères vishnouistes uniques en Inde dans lesquels les moines, les bhakats, pratiquent la bhakti, l’amour dévotionnel exclusivement dédié au seigneur Krishna. Les bhakats sont les héritiers et les passeurs d’une tradition ininterrompue depuis le XV e siècle. Ils célèbrent leur dieu par la danse, le chant et le théâtre. Sur les 65 satras que comptait Majuli, il n’en subsiste plus que 22. Les autres ont disparu sous les crues du fleuve. Portrait d’une île éphémère au patrimoine unique qui sombre sous les eaux du Brahmapoutre.